Femmes et Arts du spectale

"Les actrices ne furent pas de tout temps les bienvenues sur la scène de nos théâtres. Leur apparition, entre le XVIe et le XVIIe siècles, suscita de vives polémiques. Pourtant, partout où elle fut accueillie, l'actrice évinça l'acteur travesti, et devint en quelques années une figure centrale au théâtre.

A la même époque, les premières autrices professionnelles partirent à l'assaut de l'écriture théâtrale, genre "mâle" par excellence, pour accéder à la parole publique, et à l'espace social, artistique et politique que constituait la scène de l'Ancien Régime."
Aurore Evain (comédienne, autrice, metteuse en scène et chercheuse).

De la matérialité et des limites discursives du sexe

Amsterdam

Judith Butler opère dans Ces corps qui comptent une reformulation de ses vues sur le genre en répondant aux interprètes de son précédent livre, qui y voyaient l'expression d'un volontarisme (on pourrait « performer » son genre comme on joue un rôle au théâtre, on pourrait en changer comme de chemise) et d'un idéalisme (le genre ne serait qu'une pure construction culturelle ou discursive, il n'y aurait pas de réalité ou de substrat corporel derrière le genre). Selon l'auteure, la prise en compte de la matérialité des corps n'implique pas la saisie effective d'une réalité pure, naturelle, derrière le genre : le sexe est un présupposé nécessaire du genre, mais nous n'avons et n'aurons jamais accès au réel du sexe que médiatement, à travers nos schèmes culturels. Autrement dit, le sexe, comme le genre, constitue une catégorie normative, une norme culturelle, donc historique, régissant la matérialisation du corps. Il importe dans cette perspective de souligner que le concept de matière a une histoire, et qu'en cette histoire sont sédimentés des discours sur la différence sexuelle.

Or, si certains corps (par exemple les corps blancs, mâles et hétérosexuels) sont valorisés par cette norme, d'autres (par exemple les corps lesbiens ou noirs) sont produits comme abjects, rejetés dans un dehors invivable parce qu'ils ne se conforment pas aux normes.

À travers une reprise critique du concept foucaldien de « contrainte productive », Judith Butler va, loin de tout volontarisme, s'efforcer de ressaisir la façon dont les corps, informés par des normes culturelles, peuvent défaire ces normes et devenir le lieu d'une puissance d'agir transformatrice. Cette réflexion sur la matérialité des corps et les limites discursives du sexe est donc indissociablement épistémologique et politique.


Isaac De Benserade

Avant-Scène Théâtre

Alors qu’on lui promet en mariage la belle Iante, objet de ses feux, Iphis l’accepte la mort dans l’âme, craignant ce que la nuit doit révéler à son amante : Iphis aussi est une femme. À sa naissance, son père ordonna qu’on la tuât si c’était une fille et sa mère la sauva en la faisant passer pour un garçon, déguisement jusqu’alors ignoré de tous. Ergaste mis dans la confidence, celui-ci se consume à son tour d’amour pour celle qu’il a longtemps cru son ami, tandis que Mérinte brûle pour Ergaste. Seule la déesse Isis aura le pouvoir de remettre de l’ordre dans ces amours contrariées…


George Sand

Éditions des femmes-Antoinette Fouque

16,25

Gabriel, élevée en garçon pour une sombre affaire d'héritage, ne se doute pas que son vrai nom est... Gabrielle. « Il » va donc goûter tous les délices d'une éducation « libre » jusqu'au jour où, tombant amoureux de son cousin, il/elle fait rapidement connaissance avec les interdits et les tourments de son sexe réel. Sur cette trame, George Sand élabore une analyse tout en finesse des sortilèges de l'ambiguïté sexuelle.
Gabriel est tout autant un texte sur l'ambivalence amoureuse qu'un manifeste explicite qui fourmille d'indignation, d'impertinence, d'ironie et où sont impitoyablement passées au crible les différences d'éducation et de vie entre les garçons et les filles, entre les hommes et les femmes.
George Sand tenait beaucoup à cette oeuvre que, malgré ses efforts, elle ne put faire représenter et que Balzac enthousiasmé n'hésitait pas à comparer à une pièce de Shakespeare. On y sent aussi le poids de son expérience personnelle. Voire une pointe de tristesse.
Janis M. Glasgow (1934 -2001), spécialiste reconnue de George Sand, a été professeure émérite de français de la San Diego State University. Elle a enseigné à Paris VIII, dans les universités de Nice et de Nantes, dans le cadre d'échanges. Un prix a été créé en son honneur en 2001, le Janis Glasgow Memorial pour récompenser la meilleure thèse de doctorat ayant pour sujet George Sand.


Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres écrits

Folio

2,00

«Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ?» Un ton résolument frondeur, une langue énergique, un propos engagé, par l’une des grandes voix féminines de la Révolution française.
Un ton résolument frondeur, une langue énergique, un propos engagé, par l’une des grandes voix féminines de la Révolution française.


Identités, sexualités et féminisme en "Amérique"

Belin

22,40

Comment et pourquoi la « drag queen » est-elle devenue la figure iconique d’un certain féminisme contemporain ? D’où vient et que signifie la revendication de « visibilité » qui caractérise les mouvements sociaux contemporains, et particulièrement ceux, divers, des minorités sexuelles ? Qu’arrive-t-il à la « différence sexuelle » quand elle traverse et retraverse l’Atlantique ? De quoi les débats sur la prostitution qui divisent le champ théorique et
politique du féminisme depuis plus de trente ans sont-ils le signe ? Quelles relations complexes le féminisme occidental entretient-il avec l’économie et l’idéologie capitalistes ?
Ce sont quelques-unes des questions auxquelles Anne Emmanuelle Berger tente de répondre dans cet essai stimulant, provoqué par les modes de réception de la gender theory en France. Forte de sa connaissance exceptionnelle de la scène intellectuelle et culturelle américaine, l’auteure livre ici une réflexion informée et rigoureuse, iconoclaste et bienveillante à la fois, sur les formes et les enjeux de la théorie du genre contemporaine. Ce faisant, elle éclaire d’un jour inédit ce qu’elle nomme « le tournant queer du féminisme ».