La Monte Young
EAN13
9782361391485
Éditeur
Le Mot et le reste
Date de publication
Collection
Musiques
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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La Monte Young

Le Mot et le reste

Musiques

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Cette musique déroule le temps lentement, se déplie et se déploie, mais ne se
feuillette pas à la légère. Et elle est essentiellement un exercice de
solitaire, ou en tout cas une musique que l’on écoute à la maison le plus
souvent seul et lorsque l’on voudrait voir la nuit tomber très vite.
Impossible de la faire tenir dans un ipod, impossible non plus d’en parler
dans les dîners mondains. Essayez d’expliquer à votre voisin de table ou de
bureau que vous écoutez un disque de La Monte Young, il commencera par ne pas
vous comprendre, vous demander de répéter ce nom étrange, pour finir par se
dire que vous n’êtes sans doute pas tout à fait normal. Ce qu’il ignore, c’est
qu’au-delà de La Monte Young, existe un univers foisonnant de musiciens
anxieux et avides de créer une musique suspendue, tenue longtemps, lentement,
qui prend son temps. Et tout La Monte Young tient bien dans cette
impossibilité, cette inaccessibilité au monde qui contraste violemment avec
les années deux mille, celles du désir de communiquer, de vouloir être connu,
d’exprimer sa voix. Dans un monde où tout le monde peut avoir un blog ou faire
de la musique grâce à des logiciels, La Monte Young est à la fois un
anachronisme et un modèle : parfois, pour faire œuvre, il faut se faire
oublier et laisser les autres œuvrer pour vous. Finalement, les disques de La
Monte Young sont arrivés chez moi presque par hasard. J’en ai trouvé un, en
CD, abandonné dans un rayon d’une Fnac. D’autres m’ont été trouvés ici et là,
en France, en Allemagne, ailleurs, par des amis qui connaissaient ma passion
dévorante pour tout ce qui touchait à ce compositeur et son histoire. Avec les
années, j’ai acheté des exemplaires de son disque sur Shandar, de ceux qu’il a
produits pour Pandit Pran Nath, trouvé quelques CD, dont des bootlegs assez
somptueux. J’ai même possédé plusieurs exemplaires de chacun de ses vinyles,
j’en ai offert, échangé, revendu, racheté, perdu, retrouvé, je ne sais plus.
Mais parmi eux tous, il y en a un qui m’obsède plus que tous les autres. Il
s’agit du Black Record, sorti en 1969 et édité à 2 000 exemplaires par Édition
X, un label appartenant au galeriste munichois Friedrich Muller. Ce disque de
bout de nuit, de bout du monde est encore disponible à la vente sur le site de
l’artiste. Mais qui ne se sépare pas de ses exemplaires, signés, pour moins de
300 dollars pièce. Journaliste (Inrockuptibles, Obsessions, Grazia, Vanity
Fair) et auteur, Joseph Gohsn est passionné de musique et de bande-dessinée.
Aux éditions Le mot et le reste, il est aussi l'auteur de Sun Ra et Romans
graphiques.
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