Egrener ces jours
EAN13
9791097497569
ISBN
979-10-97497-56-9
Éditeur
Conférence
Date de publication
Collection
POESIE
Nombre de pages
88
Dimensions
20,6 x 15,2 x 0,8 cm
Poids
162 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Egrener ces jours

Conférence

Poesie

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Le recueil de Jean-Claude Thiriet procède d’une longue attention et d’une longue patience : l’histoire familiale, en effet, est d’abord dominée par l’expérience décisive de la Grande Guerre, dont ces pages se veulent le journal minutieux et précis d’un moment, initial, qui va du 31 juillet au 1er octobre 1914.
Elles sont prêtées au grand-oncle de l’auteur, Raymond Grizou (1892-1968), entendant ainsi ne pas quitter le plan de la réalité, qui leur donne leur centre de gravité. Raymond Grizou était un vigneron, militant socialiste depuis son plus jeune âge et ardent défenseur de la cave coopérative locale, celle de Saint-Laurent de la Cabrerisse, dans les Corbières, ouverte en 1914, et du mouvement coopératif en général (on percevra dans ces pages le ton particulier d’humanité et le sentiment immédiat d’une communauté de vie). L’épopée personnelle de Raymond Grizou, après trois ans de service essentiellement effectué en Tunisie, débit à Charleroi en aout 1914 et se termine en occupation en Allemagne en 1919 ; il aura passé huit ans sous l’uniforme.
Il est difficile de ne pas lire d’une traite ce journal des premières semaines de « sa » Grande Guerre, avec le recueillement dans la profondeur de tout ce qui y est exprimé. Chaque journée fait l’objet d’un texte ; les personnages qui y apparaissent sont des soldats ou des officiers de son régiment et sont nommément cités. Lecture captivée par cette réalité que caresse une voix intérieure « récitant » ce qui se voit, s’entend, se sent et se devine, mêlée aussi de souvenirs et de rêveries. Et parlant de la beauté du monde, de la lumière et de la nuit, dans une sorte, parfois, de balbutiement sous l’effet de l’horreur que la guerre introduit dans cette beauté comme un coin qui la fait éclater.
On passe admirablement du plus grand au plus petit (ciels, forêts, rivières, nuages… contre : œil, prénom, blessure, rambarde… « des yeux ouverts sur des ronciers, / fleurs, / fruits, /épines »). De même de l’étrange circulation d’eau (rivières, canaux, rails brillants…) qui court dans ce poème sous un ciel constellé de nuées, de fumées, piqueté d’oiseaux et de biplans. De même encore de la course éperdue de ce brancardier, soldat sans fusil, penché sur des blessures et des images tout intérieures de mains de femme… Et il va de soi que si l’on est particulièrement sensible à cette guerre et à ses souvenirs (ce qui est par bonheur assez répandu dans ce pays), on appréciera le « sens général », pour ainsi dire, la dimension de sens qu’a la dévotion-commémoration, et jusqu’à cette liste de noms à la fin, comme on passe à la Toussaint dans nos petits cimetières devant les tombes de ces hommes morts pour la patrie, et l’on a alors le cœur qui se serre en lisant leur jeune âge sur la pierre…
L’équilibre, ici, de la fiction et de l’hommage, de la rêverie et de la réalité, redonne à la poésie sa dimension la plus poignante : école du regard, du cœur et de l’e
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